Les lignes et les jours

Peter Sloterdijk

Informations générales

624 pages
Editions Libella Maren Sell
Mars 2014

Biographie de l’auteur

Peter Sloterdijk, professeur de philosophie et d’esthétique, est considéré comme l’une des grandes figures de la philosophie contemporaine. Mêlant fréquemment métaphysique et théorie politique, il est notamment l’auteur de Sphères I – Bulles (Pauvert, 2002), Ni le soleil, ni la mort (Pauvert, 2002), et: Sphères III – Écumes (2005), Le Palais de cristal (2006), Derrida, un égyptien (2006), (Maren Sell Éditieurs), Colère et Temps (2007), Sphères II – Globes (2010), Tu dois changer ta vie ! (2011), Tempéraments philosophiques. De Platon à Michel Foucault (2011), Repenser l’impôt (2012) chez Libella – Maren Sell.

Présentation de l’éditeur

Depuis quarante ans, Peter Sloterdijk prend quotidiennement des notes dans de grands cahiers qui n’ont jamais été exploités. Il a finalement décidé de publier une dizaine de ces cahiers, couvrant la période 2008-2011. À mi-chemin entre le journal et les notes philosophiques, écrites d’une plume vive et mordante, ces pages nous font découvrir l’auteur au travail – ses projets, ses voyages, ses colères, ses souffrances et ses émerveillements. On y lit les ridicules du temps présent, mais on y devine aussi l’angoisse de la mort, la solitude du penseur et la difficulté à vivre dans cette époque qui est la nôtre. « Quand nous partirons, nous aurons le sentiment d’avoir passé notre enfance dans l’Antiquité, nos années de maturité dans un Moyen Âge que l’on appelait la modernité et nos vieux jours dans une époque monstrueuse pour laquelle nous n’avons pas encore de nom. »
Entre bouillonnement intellectuel et mélancolie existentielle, ces notes font la lumière sur les coulisses de l’élaboration d’une des œuvres majeures de la philosophie contemporaine.

Extraits
« Note sur la culture de masse. Dans presque tous les domaines, les impératifs vitalistes des futuristes italiens se sont imposés : dans la motorisation, dans le culte de l’accélération, dans la glorification de l’énergie, dans l’éloge de la fitness musculaire, dans la divinisation de la jeunesse. Sauf dans un secteur : ils ont totalement échoué dans leur exigence d’abolir les pâtes – leur protestation contre ce produit alimentaire humiliant qui infecte celui qui le mange avec ses qualités féminines, molles et anti-héroïques est restée sans écho. On n’a pas compris le cri de guerre « Antipasta », et on l’a lu « Antipasti ». Le monde est resté sur la trajectoire des pâtes, toute la culture est devenue une cuisine de pâtes. Le principe de la pasta : la même pâte, en des centaines de formes différentes, a sapé la conception contemporaine de la substance. » p.265

« Chez Homère apparait un monde merveilleux d’épithètes picturales pleines d’esprit : Eos, celle qui s’appelle les doigts de rose, rhododaktylos ; Athénée, celle qui a des yeux de chouette ou des yeux gris, glaukopis ; Ulysse, celui qui a beaucoup voyagé, polytropos, ou l’avisé constant, talasiphronos ; Zeus, l’homme aux puissants sourcils, celui qui voit loin, euryopa.

Il est tentant de concevoir la conférence sur Ulysse pour le théâtre de Dortmund, à la fin du mois, comme une méditation sur les épithètes attribuées au héros : celui qui a beaucoup voyagé, celui qui a beaucoup de ruses, celui qui a une endurance divine, celui qui invente beaucoup et n’est jamais à court. » p.292

Critiques
« Même s’il importe peu de lui attribuer un «genre», on qualifiera donc 
les Lignes et les Jours, comme le propose en préface Olivier Mannoni, non de «journal» mais de «notes datées» – en donnant à date la charge de signifier le lien tempestif et indissociable que le philosophe a avec le monde, par quoi il informe et forme temporellement sa pensée en enregistrant les petits et grands événements qui s’y déroulent, en en mesurant les «effets de pensée» qu’ils provoquent. » 

Libération, 11/06/2014