Se reposer ou être libre

Michel Barnier

Informations générales

231 pages
Editions Gallimard
Avril 2014

Biographie de l’auteur

Michel Barnier, né le 9 janvier 1951 à La Tronche (Isère), est un homme politique français. Membre de l’UMP, il est élu député européen le 7 juin 2009, après avoir été ministre de l’Agriculture et de la Pêche dans le deuxième gouvernement Fillon. Il est Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services depuis le 10 février 2010.

Présentation de l’éditeur

C’est le choix que les citoyens européens ont entre leurs mains.

Se reposer sur les lauriers d’une promesse tenue pour la paix et la démocratie. Et se replier chacun chez soi, chacun pour soi pour se protéger des crises et du monde. Ou alors regarder ce monde tel qu’il est, les yeux ouverts. Face aux États-continents qui dominent déjà, États-Unis, Chine, Inde, Brésil, Russie, les États européens construisent un continent uni, pas uniforme.
Pour défendre leurs valeurs et leurs intérêts. Être libres!

Michel Barnier propose 7 clefs pour changer l’Europe, et des idées concrètes pour progresser. Il n’est pas question d’utopie. Mais de courage, de dialogue avec les citoyens, de regarder vers l’avenir avec ambition!

Extraits
« « À bas l’Europe ! Vive la France ! »

C’était un dimanche pluvieux de janvier dernier et des milliers de Français manifestaient sur l’esplanade des Invalides contre tout et… le gouvernement. Remontant l’avenue à pied, quelques-uns d’entre eux, en me reconnaissant, me jetèrent ces mots au visage, comme une provocation.
Au même moment, le même soir, des milliers d’Ukrainiens révoltés manifestaient sur la place Maïdan à Kiev pour préserver leur « rêve européen »… Beaucoup d’entre eux y ont sacrifié leur vie…
J’aurais aimé convaincre, au moins parler avec ces jeunes du boulevard des Invalides.
J’aurais aimé leur dire que le choix n’est pas entre la France et l’Europe, qu’elles vont ensemble.
J’aurais aimé leur dire que le choix est entre une Europe indépendante, libre, souveraine ou une Europe sous influence et sous-traitante. J’aurais aimé leur dire que la Commission de Bruxelles joue un rôle singulier au milieu de ces 28 nations pour qu’elles se tiennent ensemble. Et qu’à Bruxelles, comme à Paris, lorsque les technocrates prennent le pouvoir, c’est que les hommes politiques leur ont abandonné ce pouvoir.

J’aurais aimé leur dire que notre identité européenne, si plurielle, si changeante, ne vient pas remplacer notre identité nationale ou régionale. Elle s’y ajoute. J’aurais aimé leur dire tant de choses… Je les ai écrites dans cet essai. Comme l’appel au dialogue d’un citoyen engagé qui se veut à la fois patriote et européen. Et qui croit possible de crier en même temps et d’un même mouvement « Vive la France ! », « Go Great Britain ! », « Wiwat Polska ! » et « Vive l’Europe ! ».
Jean Monnet disait souvent : « Je ne suis pas optimiste, je suis déterminé. »

Il y a tant de raisons de pessimisme à propos de la construction européenne. Tant de doutes, de colères, de souffrances que l’on met désormais au débit de Bruxelles et de ceux qui y travaillent.
Mais il y a encore plus de raisons d’une nouvelle détermination.

Stabilité financière, croissance, industrie, énergie, numérique, démographie, solidarités, action extérieure… face à tant de défis, j’ai voulu dire les raisons et l’intérêt que nous avons d’agir ensemble dans ce monde où l’Europe est parfois espérée mais n’est plus attendue.

Mais il y a un autre défi à relever et celui-là commande tous les autres. Celui de la démocratie européenne. De la confiance des peuples ! De cette « envie d’être ensemble » qui est au moins aussi importante que l’intérêt à être ensemble. Aux citoyens, il faut dire la vérité. Sur la direction que nous prenons. Sur ce que nous sommes dans cette union. Et sur ce que nous ne sommes pas.


Nous sommes un continent où chaque peuple, chaque religion, chaque opinion, chaque choix de vie est respectable et respecté. Ce sont les valeurs que nous nous sommes promis de défendre toujours et partout, comme on se « protège contre une partie de notre histoire », selon le mot de Daniel Cohn-Bendit. Contre le totalitarisme, le fascisme, le stalinisme, le colonialisme aussi.


J’ai souvent admiré la capacité des États-Unis à affronter tant de crises, sans jamais douter de leurs valeurs. Mais nous ne sommes pas un peuple européen ! Nous ne voulons pas être une nation européenne. Il n’est pas question d’un État fédéral qui se substituerait aux États-nations ou aux régions. Nous sommes aujourd’hui 28 peuples qui s’expriment dans 24 langues officielles. Nous formons 28 nations et nous avons 28 États qui tiennent, chacun, à leurs différences, à leurs traditions, à leur culture. Et pourtant, ces 28 nations ont choisi de vivre ensemble, d’agir ensemble, pas seulement de coexister les unes à côté des autres. Elles ont choisi de mutualiser un grand nombre de leurs politiques et de partager volontairement une partie de leur souveraineté, simplement pour créer, en plus, une souveraineté européenne. Et être libres ! »

Critiques

« « Se reposer ou être libre » : tel est le titre, peu évocateur, du nouvel ouvrage de M. Michel Barnier qui dresse pourtant un état éclairant de l’Union européenne et qui, surtout, fourmille de propositions précises et constructives pour son avenir. » Jean-Guy Giraud, Le Taurillon, 24/04/2014 

« Michel Barnier, vous aussi, vous publiez un livre, intitulé Se reposer ou être libre (Gallimard). Comme vous êtes très libre, vous ne vous reposez jamais…

M.B. – Dans ce livre, j’ai montré que l’on est face à un choix: soit on se repose sur nos lauriers, ceux d’une promesse tenue, la démocratie, la paix, la stabilité du continent européen, ce qui n’est pas négligeable, et l’on se replie sur nous-mêmes pour se protéger; soit on essaye de rester à la table de ceux qui décident des ordres ou des désordres du monde. Si l’on se replie, on deviendra des sous-traitants des Américains et des Chinois. Moi, je veux que l’on reste ensemble pour défendre notre modèle social et économique sur la scène internationale. » Les Echos, 30/05/2014