Intime conviction

Bernard Guetta

Informations générales

204 pages
Editions du Seuil
Janvier 2014

Biographie de l’auteur

Bernard Guetta est chroniqueur de politique internationale à France Inter et Libération.

Après avoir couvert, comme correspondant du Monde, la naissance de Solidarité en Pologne, l’essor du libéralisme dans l’Amérique de Reagan et l’effondrement communiste dans l’URSS de Gorbatchev, il a dirigé les rédactions de L’Expansion et du Nouvel Observateur.

Bernard Guetta est lauréat de cinq prix de journalisme, dont le Prix Albert Londres et le Grand prix de la presse internationale.

Présentation de l’éditeur

Peut-être est-il déjà trop tard. Peut-être est-il trop tard pour réconcilier les Européens et l’Europe mais je me refuse à l’admettre. Je me refuse à baisser les bras car mon intime conviction est qu’aussi pitoyable que soit l’état de l’Union, ses peuples auraient tout à perdre à confondre une ambition historique et ses déboires, à se détourner de leur unité parce qu’elle est semée d’embûches.

C’est donc cartes sur table que je défendrai, ici, l’ambition européenne.

Je le ferai en analyste des rapports de force internationaux mais, avant tout, en témoin d’assez de ruptures historiques jugées impossibles pour avoir appris que rien ne l’était, pour peu qu’on veuille.

C’est un cheminement que je voudrais faire partager. Ces moments d’une vie qui, de l’enfance aux révolutions arabes en passant par Solidarité et l’effondrement soviétique, ont fait de moi un Européen, habité par une rage de ne pas laisser reculer ce continent qui est le nôtre et de réaffirmer ses nations en bâtissant, envers et contre tout, leur unité politique.

Extraits

« C’était maintenant fait. Avec la chute du Mur, la coupure du monde en deux s’effaçait. La cicatrice même allait disparaître dans les tissus reconstitués de Berlin redevenue capitale de l’Allemagne unifiée. Mais ou était-il, bon dieu, ce mur dont on ne voit plus aucune trace ? C’était fait, mais, comme toujours, le monde était en retard d’une guerre. On célébrait la fin de la Guerre froide alors que  Gorby en avait bien plus tôt tourné la page en entreprenant de la « reconstruction » de la Russie (c’est le sens du mot  « perestroïka ») et en demandant aux Occidentaux de l’y aider. On célébrait la liberté retrouvée des pays d’Europe centrale alors que le nouveau suzerain russe la leur avait, de fait, rendue dès son accession au pouvoir et qu’elle était acquise depuis l’été. On célébrait, en un mot, ce qui était fait depuis belle lurette alors même qu’un séisme grondait. »  p.58

« Il n’y a, donc, rien d’étonnant à ce que le divorce entre l’Europe et les Européens ne cesse plus de s’approfondir depuis deux décennies et  vire a l’aigre depuis que le krach de Wall Street et la crise des dettes publiques ont imposé une cure de rigueur à toute l’Union. Certains disent que le remède est aussi bon qu’indispensable. D’autres dont je suis pensent, au contraire, que ces politiques d’ajustement budgétaire sont stupidement rigides, socialement cruelles et largement contreproductives. C’est ce que disent la plupart des économistes, les marchés financiers, toutes les gauches et une grande partie des droites. Le FMI lui-même appelle désormais à moins vite courir à la réduction des déficits car, en accroissant le chômage et réduisant l’activité, la rigueur diminue les recettes fiscales, amplifie les difficultés et aggrave les déficits budgétaires qu’elle est censée résorber. » p.141

« Dirigée par les vingt-huit chefs d’Etat et de gouvernement, l’Europe unie est plus que jamais une Europe des nations mais de nations happées par le fédéralisme sous l’effet de la monnaie unique et de la multiplication des défis communs qui les obligent à adopter des politiques communes. » p.147

Critiques

« Editorialiste sur France Inter et auteur d’un ouvrage sur l’Europe paru cette semaine, Bernard Guetta analyse les racines des secousses qui ébranlent l’Ukraine. » Le Parisien, 25/01/14

« Quand Bernard Guetta prend la plume, on se demande s’il sera aussi bon dans un livre que lors de ses chroniques sur France Inter. Le pari est plus que réussi puisque de son « intime conviction » nous obtenons une boussole indispensable pour aller vers l’Europe de demain. » Le Taurillon, 20/02/14

« L’éditorialiste et ancien chroniqueur du «Temps» livre un plaidoyer très personnel en faveur de l’Europe. […] S’il en appelle au rêve, Bernard Guetta n’est pas qu’un rêveur. A peine sortie du communisme, la Pologne de Bronislaw Geremek et de Lech Walesa aspire certes à l’unité européenne, mais aussi à la reconnaissance de sa singularité et à… une place bien au chaud au sein de l’OTAN, sous le parapluie des Etats-Unis. Le rapprochement européen n’est pas une donnée naturelle. C’est une construction. C’est une volonté, une conviction. »
Le Temps.ch, 21/02/2014

« La crise pèse certes de tout son poids et l’Europe elle-même n’est à l’évidence pas exempte de défauts. Bernard Guetta décrit fort bien ses travers et ses dérives dans son Intime Conviction (le Seuil). L’Europe est peu à peu devenue bancale. »

Alain Duhamel, Libération, 19/02/2014